Cultiver la bienveillance

Centre Hospitalier de Maubeuge

Lorsque Pascale Broux, sage-femme coordinatrice au CH Maubeuge évoque les méthodes employées dans la maternité, elle se réfère à un principe fondamental : « notre mot fort, c’est la bienveillance, autour de tout le monde, que ce soit le personnel, les patientes ou leur entourage. »

Dans cette maternité de niveau 2B, c’est sur ce socle que se construit la bientraitance, dans tous les soins et dans l’accompagnement. « Quand Maternys est sorti, pour nous, c’était une évidence, précise-t-elle. Nous travaillons aussi sur la transparence, et l’inclusion des patientes dans le parcours ce soins. »

Les labels du CNGOF et IHAB, tous deux décernés au service, viennent reconnaître un engagement et des pratiques déjà bien installées. « Ils sont vraiment complémentaires », constate Pascale Broux, et ont permis à l’équipe de progresser encore, notamment « pour faire en sorte que les parents soient plus acteurs de la grossesse et de leur parentalité. »

Accompagner vers la parentalité

Pour cela, l’équipe a pu bénéficier de formations sur un large éventail de sujets, parmi lesquels : « les stratégies pour que la patiente qui souhaite démédicaliser la naissance soit le mieux accompagnée, », les postures, pendant la grossesse et l’accouchement, le suivi des patientes vulnérables, l’aromathérapie adaptée aux femmes enceintes, ou encore sur la manière de travailler avec les parents… La préparation à la naissance a été repensée pour « voir leurs difficultés, comment les accompagner à devenir parents, dès la grossesse. »

En particulier, l’équipe a pu bénéficier d’une formation créée à la demande, conduite par une psychologue qui intervenait déjà dans le service. Grâce à une étude sur le vécu de la naissance réalisée auprès des patientes du CH, il s’est avéré que beaucoup de parents avaient le sentiment de ne pas être en phase avec leur bébé, de ne pas le reconnaitre comme tel dès le départ.  « C’est souvent un ou deux ans après que les mères se confiaient, au cours d’une nouvelle grossesse : j’ai mal vécu mon accouchement, je ne me sentais pas bien avec mon bébé… » explique Pascale Broux,« On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose en amont ! »

Une formation sur mesure

Une formation sur le vécu de la naissance a donc eu lieu, « pour mieux appréhender les choses et voir ce qu’il était possible de faire. » Elle a mis en lumière certains faits : « par exemple, la césarienne programmée est souvent plus mal vécue que la césarienne en urgence » souligne la sage-femme. Ce constat a permis de chercher à « faire en sorte que ces patientes soient vraiment actrices de leur césarienne, dans l’idée qu’elles accouchent aussi, et pas qu’elles subissent une opération. »

De manière plus large, quelle que soit la façon dont la grossesse et l’accouchement se sont déroulés, l’objectif a été de trouver comment faire « pour que les patientes participent vraiment, et qu’elles puissent mettre les mots sur ce qu’elles ressentent. »

Il s’agissait aussi d’intégrer les façons complexes dont la grossesse et l’accouchement sont vécus. « On a beaucoup parlé d’ambivalence» indique Pascale Broux : « par exemplependant la grossesse, on peut vouloir l’enfant sans vouloir être enceinte, ou voir son enfant un peu comme un étranger juste après la naissance... »

La formation a permis de travailler toute ces dimensions, pour que les patientes concernées « se déculpabilisent le plus possible et qu’elles n’en veuillent pas à leur enfant de manière inconsciente. » L’équipe a été sensibilisée à une approche bienveillante : « on leur dit que c’est tout à fait normal, qu’il faut parfois des apprentissages. Être parent n’est pas quelque chose d’inné. Des fois, il faut quelques jours pour pouvoir aimer son enfant… »

Même si l’opportunité ne s’est pas encore présentée, « c’est une formation qu’on aurait souhaité refaire, » affirme la sage-femme coordinatrice. « Le savoir-faire se maintient parce qu’on l’a partagé avec toute l’équipe autour du nouveau-né. C’est aussi un point à part entière dans toutes les séances de préparation à la naissance et on en parle en consultation. »

Une approche globale du soin

Ces formations s’inscrivent dans un ensemble de pratiques et de moyens : « on essaye d’agir sur tous les aspects, toutes les difficultés qui pourraient être rencontrées, au niveau du vécu de grossesse, celui de la naissance et après », ajoute-t-elle.

L’emménagement récent dans de nouveaux bâtiments, en octobre 2021, va permettre d’accompagner encore mieux les patientes : ce fut notamment l’occasion d’organiser les locaux plus efficacement et d’installer une Salle Nature (ouverte également aux sages-femmes libérales qui souhaitent s’engager dans cette démarche), qui vient faciliter le travail d’une équipe engagée depuis plusieurs années en faveur de l’accouchement physiologique.

Si cette Salle Nature a vu le jour, explique Pascale Broux, c’est « parce qu’on s’est dit qu’il était important de valoriser ce que les équipes faisaient déjà, d’aller un peu plus loin dans la démarche, et lui donner une visibilité auprès des patientes. » Un peu comme la labellisation du CNGOF, dont bénéficie la maternité depuis février 2020 !