Revue de quelques initiatives remarquables pour la bientraitance des patientes : Améliorer les soins obstétriques avec empathie et engagement

Interview de Pauline Perchet – Sage-femme, experte en gestion des risques

La bientraitance des patientes est une valeur fondamentale au sein des maternités et de nombreuses initiatives ont été mises en place pour améliorer son application. Dans cet article, nous explorerons les observations et expériences de Pauline, sage-femme. Son expérience variée dans une vingtaine d’établissements publics et privés, répartis dans différentes régions et territoires ultramarins, lui confère une connaissance approfondie des pratiques obstétricales. Elle a enrichi son parcours en réalisant un mémoire portant sur la verbalisation des erreurs par les sages-femmes ainsi qu’en s’intéressant à la gestion des risques liés à l’aspect humain et les biais cognitifs associés. Cette expertise lui confère un certain regard sur l’importance de la communication et de la gestion des risques dans la bientraitance des patientes.

Promouvoir la communication pour améliorer l’apprentissage et la bientraitance

La communication avec les parents est essentielle pour favoriser la bientraitance et éviter les erreurs. La méthode BERCER (Bienvenue, Entretien, Renseignements, Choix, Explications, Retour) offre un cadre pour établir une communication efficace. Pour soutenir les soignants dans leur engagement envers la bientraitance, il est important de mettre en place des mécanismes de soutien et des ressources spécifiques. Cela peut inclure des briefings matinaux pour identifier les difficultés de l’équipe et fournir un soutien supplémentaire si nécessaire. Il est également important de reconnaître les erreurs et de les utiliser comme une opportunité d’amélioration. Le déficit actuel en matière de communication sur les erreurs médicales limite les possibilités d’apprentissage et d’amélioration. Il est donc important de promouvoir une culture de transparence, de responsabilité et d’apprentissage continu, où la communication ouverte sur les erreurs est encouragée. Cela permet de mettre en place des mesures correctives, de prévenir la répétition des erreurs et d’améliorer la sécurité des patients.

Surmonter les freins à la bientraitance des patientes : Des défis majeurs pour les soignants

Les soignants sont confrontés à divers obstacles qui entravent la mise en œuvre de la bientraitance des patientes. Le manque de temps constitue une préoccupation majeure, limitant la possibilité d’accorder davantage de temps à chaque patiente. De plus, le manque de personnel médical se fait ressentir après de longues heures de garde, affectant la disponibilité et l’écoute des soignants. La pénurie de sages-femmes en milieu hospitalier est également un défi important, certains professionnels mettant même en jeu leur diplôme en raison de la fatigue ou d’autres facteurs. Par ailleurs, des problèmes pratiques tels que les repas, nécessitant d’apporter ses propres contenants, l’absence de tickets-repas ou le manque de possibilité de prendre des pauses, viennent s’ajouter aux défis quotidiens. Afin de promouvoir la bientraitance des patientes, il est essentiel de trouver des solutions pour surmonter ces freins, en allouant plus de temps, en renforçant les effectifs, et soutenant le rôle des sages-femmes dans leurs conditions de travail.

Favoriser l’autonomie des patientes : Des initiatives de bientraitance prometteuses

Dans le domaine médical, les initiatives de bientraitance évoluent constamment afin de promouvoir l’autonomie des patientes. Parmi ces initiatives, la mise en place de péridurales « non fixes » ambulatoires et de monitoring sans fils permettent aux patientes de bénéficier d’une plus grande liberté de mouvement. De plus, proposer à la patiente de réaliser elle-même la pose du spéculum (ce qui facilite souvent une localisation plus précise du col dès l’ouverture du spéculum), cela renforce l’implication et le choix de la patiente dans les soins qui lui sont prodigués. La proposition d’auto-prélèvements, accompagnée d’explications claires, est également une initiative encourageante. Aussi, s’efforcer autant que possible, de permettre aux patientes de choisir la position qu’elles souhaitent adopter pendant l’accouchement. Ces mesures témoignent d’une volonté de privilégier une approche centrée sur la patiente, lui offrant une plus grande autonomie dans sa prise en charge. En adoptant ces pratiques, les professionnels de santé peuvent contribuer à créer un environnement médical où les patientes jouent un rôle actif dans leurs propres soins, favorisant ainsi leur bien-être et leur satisfaction.

Expérience positive lors de l’accouchement : Des initiatives de bientraitance en action

Des initiatives de bientraitance sont constamment mises en place pour garantir une expérience positive lors de l’accouchement. Parmi ces mesures, l’implication du partenaire peut être encouragée. La sage-femme peut par exemple proposer un accouchement à « quatre mains » au partenaire si les 2 parents le souhaitent et si la situation rend cela possible. Il est important d’accorder une attention aux besoins et aux préférences des deux parents, notamment en favorisant la prise de parole des partenaires. Le contact peau à peau, le clampage tardif du cordon ombilical et l’examen du nouveau-né juste avant le retour en suite de couches quand cela est possible sont également des pratiques prometteuses qui favorisent le lien familial et le bien-être du nourrisson. Cela amène à une approche plus respectueuse, humaine et qui est centrée sur les besoins de chaque famille lors de l’accouchement.

Confort et respect des patientes : Des initiatives de bientraitance essentielles

Pour assurer le confort et le respect des patientes lors des soins obstétricaux, certains points doivent être pris en compte.

  • Importance de l’Entretien Pré natal Précoce : Il est très souvent bénéfique de prendre la patiente à part au début ou à la fin de la consultation de l’EPP (Entretien Pré-natal Précoce) pour aborder des sujets sensibles et instaurer un climat de confiance propice à une communication ouverte, afin de discuter de questions personnelles, de son histoire et de son intimité. Cette approche garantit des explications claires et favorise le respect de la confidentialité et de la pudeur de la patiente ;
  • Traduction compréhension : Il est important de s’adapter aux barrières de la langue et aux différences culturelles notamment en fournissant des services de traduction lorsque nécessaire, ou via l’intermédiaire d’un proche ;
  • Garder l’habitude de frapper à la porte, en s’annonçant et expliquant le motif de la visite.
  • Le choix de la position pour l’accouchement par la patiente en fournissant des explications claires sur les différentes positions et en adaptant la méthode en fonction des complications éventuelles doit être prôné ;
  • Il est possible de proposer la diffusion de musique dans la salle de travail pour les patientes afin de contribuer à créer un environnement plus relaxant et favorable à leur bien-être.
  • Il est possible de demander aux patientes et à leur partenaire la façon dont ils souhaitent interagir avec la sage-femme (s’appeler par leur nom ou prénom, utiliser le tutoiement ou le vouvoiement).

Ce type d’actions démontrent un engagement des professionnels envers le confort et le respect des patientes, favorisant une expérience positive et personnalisée lors des soins.

Les actions envers la bientraitance des patientes en obstétrique jouent un rôle crucial pour améliorer l’expérience des patientes et le bien-être des soignants.  En promouvant une communication ouverte, en surmontant les freins à la bientraitance, en favorisant l’autonomie des patientes et en assurant le confort et le respect, les professionnels de la santé contribuent à une prise en charge de qualité et centrée sur la bientraitance. En continuant à développer ces initiatives et à soutenir les efforts en faveur de la bientraitance, nous pouvons garantir des soins obstétricaux empreints d’empathie et d’engagement, toujours en quête d’amélioration.