Portrait de Nadine Knezovic-Daniel : Membre du comité Label CNGOF

Sage-femme coordinatrice – Pôle gynécologique obstétrique – CHU de Strasbourg

Nadine Knezovic-Daniel est une sage-femme cadre de pôle, au sein du Centre Hospitalier de Strasbourg, où environ 6200 naissances ont lieu chaque année. Avec une expérience de 36 ans dans le domaine. Elle occupe le poste de coordinatrice en maïeutique et elle a travaillé dans presque tous les champs de compétence des sage-femmes : la maternité, la salle d’accouchement, l’unité kangourou, la consultation en orthogénie (IVG) et l’hospitalisation à domicile.

Son engagement pour la bientraitance est enraciné dans sa conviction que les soins apportés aux femmes enceintes et aux patientes en gynécologiques-obstétrique doivent être empreints de respect et d’humanité. Elle souligne que ces moments sont d’une vulnérabilité extrême pour les femmes, où leur intimité est mise en jeu, et où le respect de leur droit à la parole est essentiel. Nadine s’est également impliquée activement dans la lutte contre les violences obstétricales dans les soins et a utilisé sa position de cadre pour initier des changements au sein de son service. Elle insiste sur l’importance de l’implication des équipes dans ces projets pour qu’ils réussissent. Le rôle de cadre offre l’opportunité d’impulser des changements au sein d’un service. L’encadrement et la coordination permettent d’introduire des initiatives au bénéfice des femmes, en collaboration avec les effectifs soignants. Il est essentiel que les équipes s’engagent pleinement dans ces projets, car sans leur participation active, leur réussite est compromise.

Nadine a consacré une portion significative de sa carrière à soutenir les femmes qui ont vécu des violences obstétricales, des violences sexuelles et à accompagner les patientes touchées par la perte d’un bébé. Ces sujets sont souvent entourés de silence, mais elle est convaincue que parler ouvertement de ces drames avec les patientes et avec les équipes médicales contribue à améliorer la qualité des soins prodigués et le bien-être des femmes. Le respect de la dignité et de l’intimité de ces moments est essentiel. Elle a particulièrement mis en place des parcours spécifiques pour les femmes ayant vécu des violences sexuelles, car elles présentent des vulnérabilités particulières. Cette population représente plus de 20% des femmes, soit une femme sur cinq, un chiffre qu’il est impératif de prendre en compte. Lorsque l’on prend conscience que le suicide des mères constitue la principale cause de mortalité au cours de la première année de vie de l’enfant, et que l’accouchement peut avoir un impact considérable sur la vie d’une femme, il devient impératif d’en prendre pleinement conscience et de tenir compte de ces réalités. « Les témoignages de violences obstétricales sont malheureusement fréquents. La manière dont se déroule l’accouchement peut avoir un impact significatif sur la vie future de la mère et de l’enfant. Dans le cadre des mouvements tels que « Balance ton utérus », « Balance ton gynéco », et « Balance ton accouchement », des récits choquants continuent d’émerger, révélant des situations inacceptables encore présentes aujourd’hui ».

De plus, Nadine offre un soutien aux parents endeuillés à travers des groupes de parole, une approche précieuse mais qui n’est pas encore généralisée partout. Elle est d’avis qu’il est essentiel de briser les tabous entourant le deuil périnatal en encourageant les discussions ouvertes et en aidant les parents à traverser cette épreuve. Elle souligne que l’absence de bientraitance peut entraîner des conséquences graves, notamment des traumatismes, du stress post-traumatique, une dépression post-partum, des perturbations du lien mère-enfant, et même un refus d’accéder aux soins médicaux après des expériences traumatiques. L’absence de bientraitance peut également conduire à des retards dans le diagnostic de maladies graves lorsqu’une patiente ne vient plus consulter.

Le label CNGOF de bientraitance & transparence auquel Nadine participe vise à promouvoir la bientraitance dans les services de santé et les institutions. Elle considère la formation et la sensibilisation des professionnels comme des éléments fondamentaux pour y parvenir. Elle souhaite également que les patientes soient entendues dans les services et que des actions concrètes soient mises en place pour garantir leur bien-être. Notamment sur l’accueil et le respect des projets de naissances en fonction de l’organisation de l’établissement, « Les patientes peuvent tout dire, on n’est pas obligé de tout faire (exemple de demande de placenta lotus) ».  Pendant son parcours, Nadine a eu la chance de collaborer avec des médecins partageant la même ambition de promouvoir la bientraitance, notamment le Professeur Nisand, avec qui elle a travaillé pendant près de 20 ans.

Nadine insiste sur le besoin de réflexion pragmatique et d’actions concrètes pour surmonter les obstacles à la bientraitance des femmes. Elle souligne l’importance de l’inclusion de tous les personnels soignants dans les projets et le besoin de prendre en compte les conditions institutionnelles pour garantir le succès de ces initiatives. En ce qui concerne la diversité et l’inclusion, Nadine préconise une approche franche et ouverte, en reconnaissant les problèmes ou situations et en travaillant avec les patients et surtout avec les équipes pour mieux comprendre les besoins parfois spécifiques. Elle insiste sur l’importance de mettre des mots sur les réalités, par exemple sur l’accueil des familles homoparentales, transgenre, et de travailler en collaboration étroite pour améliorer les pratiques.

Nadine propose également des actions concrètes à mettre en œuvre pour promouvoir la bientraitance :

 

Formation et sensibilisation : L’importance de la formation continue des professionnels de la santé pour les sensibiliser aux enjeux de la bientraitance. Cela inclut l’enseignement des bonnes pratiques et des attitudes respectueuses envers les patientes. « Quand ça s’est mal passé, il faut savoir reconnaitre qu’on n’a pas été bon et travailler sur les retours d’expériences, les mauvais vécus ».

Consultation de retour d’expérience : avec les patientes afin qu’elles puissent rencontrer l’équipe dans un climat bienveillant

Désignation de personnes ressources ou référentes : Nadine préconise la nomination de personnes ressources au sein des équipes médicales. Ces professionnels, spécialement formés, jouent un rôle essentiel en apportant leur soutien aux équipes pour traiter avec empathie et compétence les cas délicats et complexes, tels que les patientes victimes de violences ou ayant des besoins/contraintes spécifiques.

Visites de centres pour formation et sensibilisation : Organiser des visites de centres de santé pour offrir une formation en présentiel. Cette approche pratique permet aux professionnels de voir comment d’autres établissements/professionnels mettent en pratique la bientraitance et d’apprendre de leurs expériences.

Ces initiatives visent à créer un environnement où la bientraitance devient la norme et où les professionnels de la santé sont mieux préparés à répondre aux besoins divers et parfois complexes des patientes. En fin de compte, Nadine Knezovic-Daniel incarne un engagement profond en faveur de la bientraitance des femmes dans le domaine de la maïeutique, avec une vision pragmatique et une volonté de créer des changements tangibles pour le bien-être des patientes.

La vie de Maternys, vous invite à découvrir d’autres initiatives inspirantes dans notre prochain numéro en novembre. Restez connectés !